
C’est un prestigieux ensemble qui a tellement fait parler au cours de ces dix dernières années que la réalisation définitive de sa vente était loin d’être assurée, et ce malgré une promesse signée le 18 juin 2024. Mais ce mardi 15 avril, la cession de l'îlot Chirac vient bel et bien de se réitérer. Pour la première fois de son histoire, ce vaste et historique complexe résidentiel situé au pied de la Tour Eiffel et en bord de Seine, actuellement occupé par une poignée de locataires, quitte le giron de la famille qui l’a fait édifier, il y a de cela plus d’un siècle, comme déjà rapporté par CFNEWS IMMO. L'ensemble value-add de plus de 13 000 mètres carrés, qui bénéficie d’adresses prestigieuses aux 67bis/69/71 quai Jacques Chirac (ex-quai Branly), 1/3 avenue de Suffren et 2/4 rue Buenos Aires, est désormais la propriété d'Éric Sitruk, accompagné par son partenaire historique Thomas Fabius.
Une acquisition à 165 M€
Montant de la transaction ? 165 M€, dont plus de 50 M€ de fonds propres. Un large financement bancaire a également été structuré auprès de cinq établissements pour apporter la dette nécessaire à l’acquisition et à la réalisation des futurs travaux, auprès de Swiss Life Banque Privée agissant en chef de file, aux côtés de La Banque Postale et de sa filiale Louvre Banque Privée, de la Banque Cantonale de Genève et de la Banque Internationale à Luxembourg. Cette opération, ayant "Président" pour nom de code, constitue l'un des plus importants projets réalisés sur un immeuble résidentiel parisien value-add.
Une enveloppe de 100 M€ de travaux
La qualité architecturale de ces quatre immeubles enveloppant une cour, avec leurs façades primées au Concours de la Ville de Paris, est louée par tous les observateurs. Les quelque 100 M€ de capex que comptent injecter Éric Sitruk et Thomas Fabius dans cet ambitieux projet ne toucheront d'ailleurs pas à ces historiques façades. Ces travaux seront réalisés en plusieurs tranches pour faire de ce programme, baptisé Eiffel One, un prestigieux ensemble résidentiel. Le tout, probablement complété d'un restaurant haut de gamme d'environ 500 mètres carrés, installé dans l'espace commercial existant, à l'angle de la rue de Buenos Aires et de Suffren. Éric Sitruk et Thomas Fabius ont choisi Sarment, fondé par Walid Goudiard et Vincent Revault d'Allonnes, en tant qu'AMO et operating partner.
Une première offre en 2022
Au cours de la dernière décennie, l’îlot Chirac a fait l’objet de nombreuses spéculations de vente, avec des marketings parfois attendus autour des 300 M€. En 2022, Éric Sitruk et Thomas Fabius s'étaient d'ailleurs déjà fendus d'une première offre auprès de la famille propriétaire, mais restée sans réponse. Deux ans plus tard, le dossier, passé entre les mains de différents brokers, est finalement confié à Rothschild & Co, avec Édouard Corbière aux manettes d’un débouclage longtemps jugé impossible par les observateurs. Après le signing de l'automne dernier, Éric Sitruk et Thomas Fabius ont également été approchés par plusieurs grands investisseurs, leur proposant jusqu'à 250 M€ selon nos sources pour passer la main, parmi lesquels des fonds souverains. Mais les deux partenaires décident de tenter leur chance seuls afin de déployer leur projet, quitte à faire venir, un peu plus tard, une marque pour les accompagner, à la manière des "branded residences", très connues à l'étranger, mais encore jamais développées à Paris.
Une historique famille française propriétaire
C'est au début du XXe siècle que l'’îlot Chirac, aussi connu sous le nom d'îlot Branly, a été édifié par la famille de Georgette Deutsch de La Meurthe, l’une des grandes fortunes françaises de son époque et épouse du militaire et homme d’affaires Gaston Gradis. L'ensemble Art Déco est ensuite passé entre les mains de leur fille, Lysiane Gradis, baronne par alliance suite à son mariage avec Louis Oberkampf – lui-même descendant de Christophe-Philippe Oberkampf connu pour avoir fondé la manufacture royale des toiles imprimées. L’immeuble est ensuite revenue à leur fille Iris Oberkampf (un temps mariée à Hugues Le Breton). Celle-ci détient encore environ 50 % des parts, alors que ses deux filles, Marie-Armande et Marie-Sophie Le Breton, se partagent l’autre moitié. Ces dernières ont aujourd’hui la qualité de résidentes fiscales en Suisse et vivent entre le pays alpin et le Luxembourg.