Groupe Babylone a souhaité récolter les avis du spécialistes du real estate confrontés au Covid-19.
Cela ne fait aucun doute : la crise sanitaire provoquée par l'apparition du Covid-19 a pris la France par surprise. Le marché national de l'investissement immobilier ne fait pas exception à la règle : face à une situation inédite, les acteurs ont dû faire preuve de flexibilité pour poursuivre leur activité impactée par l'épidémie. Or quel est le ressenti des spécialistes du real estate et comment ceux-ci se préparent-ils à la reprise ? Afin de répondre à ces interrogations, groupe Babylone a décidé, sur l'impulsion de Thibault de la Baronnière et Yonel Marelli du département capital markets, de mener une enquête auprès du marché et ce, dès le 1er avril dernier, afin de permettre aux acteurs du milieu de faire le point sur leur situation actuelle. CFNEWS IMMO & INFRA dévoile aujourd'hui en exclusivité les résultats du sondage, qui a réuni pas moins de 780 acteurs au total (retrouvez notre infographie dédiée ci-dessous), dont une majorité d'investisseurs privés (30 % des réponses), ainsi que des asset managers (16,2 %) ou encore des institutionnels ou foncières cotées (15,4 %).
Un quotidien chamboulé
Premier enseignement de cette étude, les acteurs immobiliers ont très majoritairement ressenti les effets de la crise sur leur activité au quotidien. Au total, près de l'ensemble des répondants (97,7 %) constatent un « impact négatif » de la pandémie sur leur travail au jour le jour. Une majorité écrasante, à nuancer toutefois : près d'un tiers des sondés (30,8 %) évoquent un effet « à la marge » lié au confinement. Cette mesure, imposée depuis le 17 mars dernier, a d'ailleurs poussé de nombreux spécialistes immobilier à recourir au télétravail. Là encore, c'est une très grande majorité qui est actuellement en home office, soit 96,9 % des répondants, dont 80 % disent l'être « complètement ». Le chômage partiel, dispositif auquel ont recours de nombreuses TPE et PME, ou encore des secteurs aujourd'hui à l'arrêt comme l'hôtellerie, concerne par contre une petite frange des répondants, 1,5 %.
Plus de 3/4 des acteurs voient leurs transactions annulées
Le télétravail s'impose donc comme une conséquence inévitable de la crise sanitaire. S'agit-il d'un des « impacts négatifs » observés par près de 98 % des sondés ? La question peut se poser. En effet, si la moitié des interrogés estiment que leur société était parfaitement organisée pour le télétravail en amont de la crise, 36,2 % des sondés signalent toutefois que leur entreprise n'avait mis en place des mesures propices au home office que pour certains des collaborateurs. Par ailleurs, près de 14 % affirment que le télétravail n'avait été pensé pour personne. Autre impact négatif possible de la crise, plus lourd de conséquences pour les investisseurs : la remise en question des transactions lancées avant le confinement. En effet, une grande partie des sondés (55,4 %) reconnaissent que certains de leurs deals sont bel et bien annulés et 12,3 % que la plupart de leurs signatures sont en cours d'annulation.
Le locatif au cœur des incertitudes
Le marché locatif est également touché, en profondeur. En effet, près de 85 % des répondants s'attendent à une diminution de leurs revenus locatifs, dont 43,1 %, la position majoritaire, dans « une large mesure ». Seulement une part très minoritaire des sondés (5,4 %) considère que son activité locative n'est aucunement affectée par la crise. Par ailleurs, si le marché locatif semble plus affecté que le transactionnel, toutes les typologies ne semblent pas non plus être égales face à la crise. Sans surprise, lorsque les sondés sont interrogés sur les typologies qui devraient être les plus touchées au sein de leur portefeuille, la grande majorité estime qu'il s'agira avant tout du retail, avec 66,2 % de répondants inquiets. La deuxième typologie la plus désignée est par contre plus inattendue : avec environ un tiers des réponses, les bureaux sont également au cœur des préoccupations des spécialistes de l'immobilier.
Changer de paradigme
Une telle crise mène de nombreux acteurs à revoir leur copie. Pour une majorité des investisseurs, 67,7 % des sondés plus exactement, un changement de stratégie, même à la marge, est nécessaire. D'ores et déjà, les acteurs élaborent de nouvelles thèses d'investissement, qui mettent à l'honneur certaines typologies. Cette fois-ci, c'est le résidentiel qui tire son épingle du jeu en tant que classe d'actifs favorisée par les investisseurs (50,8 % de réponses favorables). Le bureau, typologie incontournable avant crise, se trouve cette fois-ci en deuxième place (34,6 %), une position qui pourrait refléter les inquiétudes des acteurs du marché pour ces espaces. Enfin, la logistique s'impose en troisième position (18,5 %). Les investisseurs se préparent donc à l'après-crise, mais sans illusion : pour 77,7 % d'entre eux, le marché sera au moins légèrement dégradé par la pandémie.