Les chantiers sont à l'arrêt suite à la crise sanitaire liée au covid-19.
Pour les promoteurs, la pandémie liée à l'arrivée du Covid-19 sur le continent est particulièrement synonyme d'incertitude. Le premier effet de la crise, qui suit de près une période déjà mécaniquement ralentie par les municipales, a été de remettre en question la poursuite des activités de construction. L'annonce du confinement général prononcée lundi 16 mars 2020 par le président de la République Emmanuel Macron a mené de nombreux Français à télétravailler ou à cesser toute activité, à l'exception de celles et ceux exerçant dans des entreprises jugées comme essentielles à la vie du pays. Parmi ceux-ci, les salariés du BTP, tenus de poursuivre les constructions en cours. Une décision qui a inquiété certains syndicats du secteur, le FFB, la Capeb et le FNTP, qui ont demandé le jour suivant, mardi 17 mars, l'arrêt temporaire des chantiers pour la protection de leurs employés. S'en est suivi une période troublée pour le secteur, entre nécessité de poursuivre les chantiers pour assurer le maintien du calendrier des promoteurs, et crainte d'une crise sanitaire de grande ampleur et de ses effets sur l'ensemble des membres des enseignes.
Chantiers à l'arrêt, calendrier menacé
La polémique a fini par aboutir ce vendredi 20 mars sur un accord possible entre associations professionnelles du BTP et le gouvernement, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, qui a entériné la nécessité de fermer les chantiers.* Ce dernier a également assuré que les entreprises du secteur à l'arrêt pourraient recourir au chômage partiel et a évoqué la mise en place d'un nouveau protocole permettant la reprise future des chantiers. Toutefois, d'ici là, « les chantiers sont à l'arrêt, les promoteurs n'avancent plus dans la construction et ne peuvent pas lever de nouveaux fonds sur des projets engagés. Pour les plus fragiles ou les plus engagés, cela pose un problème de financement à court terme, que les banques ne pourront pas satisfaire », estime un spécialiste de l'immobilier. Mais les acteurs ayant choisi de poursuivre les chantiers en mettant en place certaines normes peuvent également être touchés. « Les obligations au regard de l’hygiène et de la sécurité de leur personnels et les difficultés d’approvisionnement provoquent un retard qui impacte leur calendrier de financement. Cela représente une véritable perte en trésorerie pour eux », ajoute-t-il.
* Mise à jour : Le 21 mars 2020, le gouvernement a annoncé être parvenu à un accord avec les organisations syndicales du BTP. Réitérant la « nécessité » que les entreprises du secteur poursuivent leur activité, les partenaires sociaux ont annoncé la poursuite des chantiers dans le respect de principes de précaution. Ainsi, les organisations professionnelles du BTP diffuseront prochainement un guide de bonnes pratiques, validé par les ministères du Travail et des Solidarités et de la Santé.
Des cash flow remis en question
Autre conséquence de la crise sanitaire, l'attentisme qui frappe désormais à la location comme à l'acquisition (retrouvez notre suivi quotidien des annonces liées à la pandémie ci-dessous). Pour Thierry Jallon, p-dg de Buildex, « les promoteurs vont probablement rencontrer plus de difficultés à trouver des clients. » Or, celui-ci estime que les investisseurs ont un vrai rôle à jouer dans ce contexte. « En faisant rapidement l’acquisition en blanc d’un de leurs projets les plus importants, des fonds value-add partenaires comme les nôtres leur permettent de préserver leurs avantages concurrentiels, de capter de nouvelles opportunités de développement, de financer leurs autres projets, tout en achevant sereinement la construction des actifs en cours actuellement, afin de les vendre dans de bonnes conditions, sans se préoccuper des soucis de trésorerie à court terme », explique t-il.
Le numérique, désormais incontournable ?
En dehors des fonds évoqués ci-dessous, d'autres promoteurs parviennent à maintenir leur commercialisation, malgré l'impossibilité pour leurs équipes de quitter leur domicile. « Nous avons lancé un programme dans le 15e arrondissement parisien, disponible sur Unlatch depuis la semaine dernière, où des signatures ont déjà été enregistrées. Nous avons ainsi des ventes qui interviennent depuis la mise en place du confinement », explique ainsi Nadir Benabed, de Catella Patrimoine. La start-up Unlatch, spécialisée dans les solutions logicielles pour les promoteurs et qui a récemment lancé son application, bénéficie actuellement d'un vrai regain d'intérêt, ajoute son co-fondateur, Thomas Rivoire. « Depuis la crise, nous avons reçu de nombreux appels de la part de clients qui jusqu'ici ne rendaient disponibles que leurs nouveaux programmes sur la plateforme, et qui désormais veulent ajouter l'ensemble de leur offre », explique-t-il. Il affirme ainsi que « le nombre de programmes disponibles sur notre plateforme va augmenter d'au moins 25 %. » Pour le dirigeant de la jeune pousse, qui compte environ 200 clients promoteurs sur les 1 500 qui existent environ sur le marché français, grâce au numérique, « l'activité en matière de ventes immobilières va baisser, mais les négociations qui sont déjà en cours peuvent continuer », résume-t-il.