Paris à l'arrêt au lendemain de l'application du confinement. DR
Lancements de fonds reportés, signing en stand-by, interviews à la presse annulées, consignes de ne pas s'exprimer : avec le confinement de la France, les professionnels de l’immobilier ont pris la mesure des premiers impacts de la crise sanitaire sur leur marché. Au lendemain de l’application des mesures strictes de distanciations sociales, le mot d’ordre est à l’attentisme. « Tout le monde attend d’être fixé sur les textes que préparent le gouvernement pour prendre des décisions », précise un avocat spécialisé en immobilier. Un report qui se concrétise par la suspension des signing en cours. « Le marché transactionnel est à l’arrêt. Les signatures peuvent certes se faire à distance, mais que faire si l’immeuble nécessite un audit technique ? Il ne faut pas oublier que l’immobilier est un marché physique. »
Une économie de guerre
L’annonce du report du Mipim au mois de juin avait déjà marqué un premier coup d’arrêt, alors que de nombreuses data rooms avaient été préparées en janvier et février pour y être présentées, en vue d’initier des transactions. « En termes de timing, le mois de mars est idéal pour préparer les due diligences. » Les investisseurs étaient alors loin de s’imaginer que la France allait se préparer à vivre, une semaine plus tard, son premier confinement pour une durée indéterminée. « Difficile d’anticiper ce qui va se passer. Si le confinement ne dure pas longtemps, les fondamentaux du marché étant bons, il y aura un fort ralentissement en termes de volumes investis au premier semestre, mais un rattrapage peut être envisagé au deuxième. En revanche, si le confinement dure plus de deux mois, il faudra certainement reprendre la grille de lecture de 1945, d’une économie en temps de guerre. Le ministre de l’Économie a d’ailleurs déjà parlé de nationalisations... »
Quels financements ?
Des fonds de pension, comme l'allemand Bayerishe Versorgungskammer (BVK), ont déjà décidé de s’imposer un moratoire de quatre semaines minimum pour acter leurs décisions d’investissement, comme l’a dévoilé le site d’informations PERE. Pour beaucoup, « il ne faut donc plus compter sur le premier semestre ». « Les investisseurs s’interrogent désormais sur la valeur de sortie des actifs. Pour les institutionnels qui ont des fonds à placer, acheter à moins de 3 % à Paris fait toujours sens sur du long terme, si l’actif est sécurisé auprès d’un utilisateur de qualité, d’autant qu’ils ne vont certainement pas réinvestir le marché des actions. » Mais qu’en est-il pour ceux qui auront besoin de financements ? Et pour ceux qui privilégient les stratégies de création de valeur, notamment les vefa en blanc ? « Il est encore trop tôt pour anticiper comment va évoluer le marché, notamment celui du financement mais tout laisse à penser qu’il va se tarir pour les opérations les plus risquées. »