Un Mipim dans son format originel, tous les spécialistes du real estate l'espéraient depuis deux ans. Mais c’était sans compter sur la crise sanitaire qui a réduit comme peau de chagrin les événements en physique… À partir d’aujourd’hui et jusqu’au 18 mars prochain, le plus grand salon international des professionnels de l’immobilier, organisé par RX France (Reed Exhibitions), (re)prend possession du mythique Palais des Festivals à Cannes. Quatre jours d’intenses discussions immobilières où sont attendus plus de 20 000 visiteurs pour 75 nationalités représentées – aux côtés des Français, figureront les délégations allemandes, anglaises, brésiliennes, égyptiennes ou encore du Moyen-Orient. Mais pas les Russes, bannis du salon. Un Mipim 2022 qui promet d’être plus proactif en deal making que les précédentes éditions en format réduit. « Les principaux investisseurs immobiliers et fonds d’investissement du monde sont présents à Cannes, tout comme les grands brokers, qui exposent tous avec des surfaces égales à celles de 2019, ou plus grandes », avance le Mipim. Pour l’occasion, CFNEWS IMMO revient sur les attentes des investisseurs pour cette grand-messe immobilière, dont le thème est "Driving Urban Change".
Prendre le pouls du marché
« La famille de l’immobilier va enfin pouvoir se retrouver pour vivre un moment de partage et se nourrir de réflexions différentes », confie une habituée du Mipim, qui représente une foncière cotée tricolore. Preuve que l'évènement a encore toute sa légitimité : tous les professionnels interrogés expliquent avoir le plus grand mal à caser tous leurs rendez-vous sur quatre jours. « Ce phénomène reflète une réelle envie d’échanger pour prendre le pouls du marché », concède un participant, qui a pris ses quartiers généraux dans un hôtel de la Croisette. Toutefois, comme le relève Fabrice Paget-Domet, président de Noe-REIM, le Mipim n’est pas le lieu où se signent des deals. « Le Mipim permet surtout de réaffirmer nos stratégies d’investissement et de réactiver nos contacts, notamment auprès des brokers et des investisseurs étrangers. » Pour Mansour Khalifé, président fondateur de MNK Partners – société de gestion qui vient de signer un deuxième actif de 6 900 mètres carrés de bureaux à Varsovie, en Pologne –, répondre présent à ce salon permet « de sourcer des opportunités off market et de renforcer notre positionnement sur les produits core/core+ à l’échelle pan-européenne ». Les dossiers à l’investissement, qu’ils soient compétitifs ou off market, ne devraient pas manquer à l’appel dans les travées et salons feutrés du Mipim. Pour rappel, l’an dernier 272 Md€ ont été transactés en immobilier d’entreprise en Europe – soit une hausse de 15 % sur un an – selon BNP Paribas Real Estate.
La France, LA valeur refuge en Europe
Comme le veut la tradition, un sommet Re-Invest va se tenir à huis clos. Fonds souverains, de pension et d’assurances et autres détenteurs de capitaux débattront de leurs stratégies d’investissement. « Ce salon arrive à un moment crucial pour le secteur, alors que nous continuons à construire notre reprise post-pandémie », vante Ronan Vaspart, directeur du Mipim. Comme l’ont récemment indiqué l’ANREV, l’INREV et PREA, les investisseurs institutionnels prévoient, au minimum, d’investir quelque 76,7 Md€ dans l’immobilier mondial en 2022. Surtout, le marché immobilier du bureau parisien ne devrait pas être en reste à Cannes… Selon nos informations, des investisseurs étrangers de renom – qu’ils soient nord-américains (Blackstone, PGIM Real Estate…) ou nord-européens – confectionnent, à l'heure actuelle, des véhicules pour injecter leurs capitaux dans des produits core et core+. « La France demeure LA valeur refuge en Europe, en dépit d’un contexte sanitaire qui a ralenti les investissements depuis deux ans », confie un banquier de premier plan, basé dans la capitale tricolore. À l’occasion du Mipim, le pavillon United Grand Paris – lequel réunit une pléiade d’acteurs et territoires, tels que Paris La Défense, la Métropole du Grand Paris et l’EpaMarne-EpaFrance – réunit 20 millions de mètres carrés d’opportunités de business. Du côté des occupiers, leur présence devrait être moins forte que les années précédentes. Selon nos sources, plusieurs utilisateurs hexagonaux ont décidé de ne pas descendre à Cannes. « Leur présence n'a jamais été de notoriété publique et ce n'est pas le lieu pour planifier leurs stratégies immobilières et besoins en mètres carrés », lâche une commercialisatrice française de premier rang en bureau.
No Mipim for Russia
De manière générale, les spécialistes de l’immobilier fouleront le tapis rouge du Palais des Festivals avec un "certain" optimisme pour leur marché de prédilection. Mais c'est sans compter le contexte géopolitique international… « La guerre en Ukraine et ses multiples répercussions économiques – dont la flambée des prix des matières premières, une hausse de l’inflation et un ralentissement de la croissance attendu à l’échelle européenne – animeront les discussions des acteurs du marché », confesse un broker tricolore. De là à jeter un vent d’incertitude sur la Croisette ? « Si les investisseurs ont en horreur l’incertitude, ces derniers gardent le moral. Ils ne vont pas revêtir les habits de Cassandre, il est trop tôt pour mesurer les possibles impacts sur les différents segments du marché immobilier », répond un fin connaisseur du real estate. Et un autre d'embrayer : « Ce qui se déroule en Ukraine crée une ambiance particulière et génère du flottement. Plusieurs scenarii sont sur la table, mais bien malins ceux qui spéculeront. Dans ce contexte, l'investissement en immobilier devrait mieux se comporter face à des marchés financiers qui dévissent. » Quant à Guillaume Poitrinal, cofondateur de Woodeum, il confie être « assez peu inquiet » pour son secteur de prédilection. « Nous occupons un marché de niche, celui des bureaux à haute performance écologique, sur lequel nous ne voyons pas de menace particulière à ce stade. »
Intégration du Mipim Propel
Ce qui est acquis, c’est donc l’absence des Russes à cette édition 2022. RX France, en solidarité du peuple ukrainien, a confirmé qu’il n’y aura pas de délégation russe. « Une décision qui ne changera pas l’ADN du salon », précise Ronan Vaspart. Par le passé, les investisseurs de la Fédération de Russie représentaient 2 à 3 % du visitorat de l'événement cannois. Le tapis rouge est en revanche déroulé pour François Hollande. L’ancien chef de l’État prononce le discours d’ouverture du Mipim ce mardi à 15h. Au rayon des autres invités politiques de marque, l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, répond présent le mercredi 16 mars. L’actuel maire du Havre tiendra tout d’abord un discours, avant de débattre avec plusieurs majors du monde de l’immobilier. Au programme de ces échanges : les enjeux du développement urbain. Les visiteurs les plus aguerris à la proptech retrouveront, pour la première fois, le Propel by Mipim dans sa version cannoise. Historiquement, ce salon tenait pavillon au CentQuatre à Paris. En outre, Metaprop, structure de capital-risque, y expliquera son indice de confiance global Proptech 2022. De quoi convaincre des investisseurs encore réticents à injecter des capitaux dans ce secteur dédié à l'innovation ? « Ce qui est certain, estime un acteur de la French PropTech, c’est qu’ils y seront plus sensibles avec l’intégration de l'événement au Mipim historique. »