Le Domaine de la Petite Isle dans le Luberon - Maranatha Hotels
Ce sera donc Colony Capital avec AccorHotels en tant qu'opérateur. C'est ce candidat, qui a formulé une offre de reprise globale, qu'ont retenu les juges-commissaires du tribunal de commerce de Marseille ce mercredi 17 octobre pour reprendre Maranatha, le groupe fondé en l'an 2000 par Olivier Carvin, expert-comptable qui l'a hissé au rang de cinquième opérateur hôtelier français. Depuis l’annonce de la date du jugement final, le binôme faisait partie des trois favoris, avec le trio Apollo, 123 IM et Paris Inn, et Tikehau/Le Groupe de l'Hôtellerie. Candidat à la reprise depuis de longs mois, Colony avait néanmoins un temps vu son binôme avec AccorHotels se défaire, avant que ce dernier n'accepte de revenir dans la course, mais uniquement en tant qu'opérateur comme nous l'avions dévoilé (lire ci-dessous).
Une même valeur de sortie
D’autres candidats à la reprise étaient en lice, comme le tandem formé par Attestor Capital et Loxi Hospitality, Benson Elliot, associé à Schroder Real Estate Hotels (ex Algonquin), ou le véhicule Cidhotel. Tous avaient déposé une offre ferme et toutes se valaient financièrement, basées sur une même valeur de sortie : un peu plus de 200 M€ pour le pôle historique, qui comprend une cinquantaine d’établissements en France, et 450 M€ pour le prestigieux portefeuille des Hôtels du Roy, comprenant six hôtels haut de gamme à Paris et à Nice (en photo ci-dessus et ci-contre). « Tous les repreneurs ont donné les mêmes perspectives de retour pour les investisseurs : récupérer 50% de leur mise dans cinq ans pour les Hôtels du Roy, et 60% pour le pôle historique. La différence se situe dans les prévisions qu’ils établissent pour parvenir à ce résultat. Là où cela va se jouer, c’est dans l’optimisme des prévisions », expliquait une source proche du dossier. Ce serait effectivement là que tout s'est joué, Colony ayant, selon nos informations, établi les provisions les plus optimistes, en termes de chiffre d'affaires, de résultats et de maintien de l'emploi. Le fonds se serait aussi rapproché, dans les derniers jours, des termes que proposait l'offre d'Apollo/123 IM/Paris Inn, qui avait la préférence des épargnants.
Plusieurs arguments en sa faveur
La force de frappe d'AccorHotels en tant qu'opérateur, et le savoir-faire dans la gestion hôtelière de Colony, ont également compté. L'intervention de Nicolas Sarkozy, présent au conseil d’administration d’AccorHotels, aurait-elle aussi pesé dans la balance ? Dans les dernières semaines, plusieurs ont fait part de "manoeuvres souterraines", non confirmées, de l'ancien président de la République pour défendre son écurie. Tout comme François Fillon, associé depuis l’an dernier du fonds d’investissement Tikehau Capital. Un autre argument a pesé en faveur du binôme Colony/AccorHotels : l'accord qu'ils étaient parvenus à trouver avec le fonds d'investissement Cale Street qui détient une créance de 275 M€ sur le portefeuille des Hôtels du Roy (acquis en 2015 pour 360 M€ et financé au moyen de cette dette dont le taux dépasse les 9%). C’était là un point crucial : parvenir à s’entendre avec celui qui souhaite récupérer non seulement sa créance, mais aussi les intérêts, soit plus de 300 M€.
Soutien avec réserve
Le Collectif de défense des investisseurs Maranatha (Coddima), l'une des deux structures de défense des investisseurs mises en place suite au placement en redressement judiciaire de Maranatha et accompagné par le cabinet Goethe Avocats, a déjà fait part de son « soutien avec réserve » à Colony Capital, en attendant des précisions sur certains points, parmi lesquels la façon dont vont être traités les petits hôtels du portefeuille du groupe dans le plan de reprise. Les représentants vont rencontrer Colony Capital dans les prochaines semaines pour entamer les discussions et convoquer les assemblées générales.