
Logement hausmannien 600
Délaissé depuis plusieurs années, le résidentiel suscite de nouveau l’intérêt des institutionnels. La tendance est très récente, mais entraîne déjà des inflexions de stratégies chez de nombreux investisseurs.
C’est une des tendances les plus étonnantes de ce début d’année sur le marché immobilier de l’investissement. Alors qu’il était boudé depuis des années par les investisseurs institutionnels, et réduit à la portion congrue dans les portefeuilles des grandes foncières, le résidentiel fait son grand retour sur le marché. Une vente en bloc récente, restée confidentielle, le confirme. Le portefeuille Saphir, situé dans l’Essonne et valorisé plus de 150 M€, aurait été cédé sur la base d'un rendement de 3,3 % (avant dette). Tous les observateurs du marché ont relevé ce regain d’intérêt, qu’ils expliquent par le niveau des taux de rendement sur le marché du bureau. Leur contraction, à moins de 3 % sur certaines opérations, est telle qu’elle a rendu le résidentiel attractif. L’autre explication vient du « réel besoin de logements, correspondant à une tendance sociétale de retour des populations vers les centres-villes », comme le constate Méka Brunel, directrice générale de Gecina. Ce déficit structurel entre l’offre et la demande est aujourd’hui estimé à plus d’1 million de logements et joue en faveur de la reprise du marché, aux côtés de l'environnement de taux bas, l'abondance de liquidités, le dispositif Pinel encore d'actualité et le renforcement du Prêt à taux zéro (PTZ).
Analyser la profitabilité des portefeuilles
Méka Brunel
La flambée des valeurs étonne
Le résidentiel contribue aujourd’hui à hauteur de 8 € par action à l’ANR de la foncière. D'après les résultats des expertises préliminaires de ses actifs pour le premier semestre 2017, le portefeuille résidentiel serait ainsi « en très nette revalorisation à +25,6 %, bénéficiant d’une valorisation en bloc nettement revue en hausse », comme le constate Invest Securities dans l'une de ses analyses sur la société cotée. A titre de comparaison, la hausse des expertises sur le portefeuille de bureaux ressort, elle, à +5,2 %, dont +6,5 % à Paris. « La flambée des valeurs du logement étonne car elle ne correspond pas du tout à la hausse des prix du logement au détail », ajoute Invest Securities. Reste une inconnue : la législation. Le Gouvernement a annoncé préparer une nouvelle loi à la rentrée sur le logement. Nul ne peut dire de quoi elle sera faite mais, s'il est un point sur lequel tous les investisseurs s'accordent déjà, c'est qu'elle ne pourra pas être « plus contraignante que ce qu'elle est déjà ». L'avenir le dira.
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