L'entrée principale du 14 Bergère, Paris 9, en arc de triomphe.
Près de 140 ans après sa construction, le 14 Bergère change de mains. Cette adresse emblématique du 9e arrondissement de Paris, historique siège du Comptoir National d’Escompte de Paris, ancêtre de BNP Paribas, est vendue par le groupe bancaire, qui profite ainsi d’une fenêtre de marché ultra-favorable à l’immobilier core et même value-add, en particulier à Paris. Selon nos informations, l’acquéreur qui s’est distingué après deux tours – dont le dernier engageait encore au moins cinq candidats – n’est autre que LaSalle Investment Management (LIM). Le fonds, dirigé en France par Berverley Shadlbolt, a déboursé un peu moins de 600 M€ pour s’offrir l’actif de 30 000 mètres carrés, dont 23 000 mètres carrés de bureaux et 8 000 mètres carrés d’archives, de salles de réunions/fitness et d’auditorium. Le processus de vente débutait en effet à 500 M€ selon nos sources, et a attiré aussi bien des investisseurs français qu’internationaux, des promoteurs ou encore des foncières cotées, dans le cadre de stratégies patrimoniales ou même de transformation.
Une rénovation complète en 2009, signée Anthony Bechu
Avec ce nouvel investissement, LaSalle IM signe son deuxième immeuble historique à Paris, après l’acquisition, sous l’ère Karim Habra en 2017, du siège emblématique de RTL, rue Bayard (lire ci-dessous). Le 14 Bergère a été entièrement rénové en 2009, suite à une réhabilitation de trois ans menée par BNP Paribas Immobilier avec le cabinet d’architecture Anthony Bechu. Depuis, l’ensemble est doté de 1 600 postes de travail occupés par BNP Paribas Asset Management, de 125 parkings en sous-sol, d’un auditorium de 199 places et d’une salle de fitness pouvant accueillir 50 collaborateurs. Un jardin de 700 mètres carrés a également été créé. L’enjeu était alors de respecter les éléments remarquables des bâtiments, dont les façades, l’escalier d’honneur et ses mosaïques signées Facchina, ou encore la grande verrière de la salle des pas perdus, tout en améliorant l’efficacité énergétique du site dans une démarche de développement durable.
L’architecture bancaire du XIXe siècle
Érigé par Édouard-Jules Corroyer (élève de Viollet-le-Duc) en 1881, pleine période post-Haussmannienne, le 14 Bergère se veut un temple de la finance de la fin du XIXe. L’entrée principale prend la forme d’un arc de triomphe, au-dessus duquel trône l’allégorie de la Prudence, tenant un sceptre et le miroir de la Vérité. Elle est elle-même surmontée de cinq médaillons représentant les continents (l’Europe au centre, le regard des quatre autres tournés vers elle), et deux autres allégories viennent compléter la structure : celles de la finance et du commerce. La salle des pas perdus affirme la puissance du bâtiment avec ses dix-sept mètres de hauteur, que vient fermer une verrière colorée, dédoublée pour une étanchéité parfaite. Mais ce grand hall central, mélange entre la gare et le grand magasin, n’était que la partie visible d’un immeuble à la pointe de la modernité à l’époque, équipé d’un distributeur de courrier par tubes pneumatiques, d’un petit train en sous-sol, et dont les verres-dalles de Saint-Gobain éclairaient la salle des coffres, en sous-sol.