À l’abri des regards indiscrets, Courchevel – avec son domaine skiable, ses palaces, ses innombrables boutiques de luxe et ses chalets enneigés haut de gamme (très) prisés des milliardaires – est le témoin d’une nouvelle transaction off market sans intermédiaire. Selon nos informations, l’actuel président de L’Express, Alain Weill, s’est positionné sur les murs et fonds de l’historique hôtel-restaurant 3* Le Pilatus, détenus depuis les années 1960 par la famille Ziegler au pied de l’altiport. Le signing final pour ce dossier ultra confidentiel est imminent – « c’est une question d’heures », glisse-t-on en off –, après une promesse de vente enregistrée entre fin 2022 et début 2023. Pourtant, d’après nos sources, l’ancien P-dg d’Altice France n’avait pas envisagé une seule seconde d’acquérir cette adresse il y a encore quelques mois… Initialement, le cédant de l’établissement avait trouvé un autre acheteur, lequel n’a pas été jusqu’au bout du process. « Tout s’est fait rapidement, car nous avions aucun doute sur l’emplacement premium de l’hôtel-restaurant », confirme Alain Weill à CFNEWS IMMO. Pour s’offrir cet opus savoyard, qui comprend entre 1 300 et 1 500 mètres carrés, le patron des médias va débourser, selon nos sources, un ticket proche de 30 M€. De mémoire, cet hôtel le plus haut de Courchevel 1850 recense à l’heure actuelle huit appartements.
Entre 12 000 et 15 000 €/m2 de capex
Toujours selon nos informations, Alain Weill a pour projet d’upgrader ce 3* de la station huppée avec la création d’une trentaine chambres et deux restaurants – le tout complété par spa en sous-sol. « Tout est très ouvert ! Nous n’avons pas encore une idée précise du projet que nous allons déployer ici, poursuit-il. De toute évidence, nous le ferons en concertation avec le maire et l’équipe municipale de Courchevel. » Pour y parvenir, il lui faut notamment obtenir la constructibilité de mètres carrés supplémentaires – plusieurs sources avancent le chiffre de 4 000 mètres carrés – et/ou passer par la case démolition/reconstruction. « La mairie a été convaincue par ce projet parce qu’Alain Weill leur a promis qu’il ouvrirait l’hôtel neuf mois sur douze, quand les autres ouvrent entre décembre et fin mars », abonde une source locale. De sources concordantes, les capex pour ces mètres carrés à créer oscillent entre 12 000 et 15 000 €/m2 (honoraires de l’architecte inclus), soit une enveloppe globale comprise entre 48 et 60 M€ pour un projet de 4 000 mètres carrés. « À Courchevel, le coût de construction a augmenté d’un peu moins de 30 % depuis dix ans », glisse un broker. À titre comparatif, les constructions ultra-luxe à Courchevel se moyennent aujourd’hui à 20 000 €/m2. En 2013, dans la même localité, Xavier Niel – fondateur de Free – avait mobilisé pas moins de 100 M€ pour donner naissance à l’hôtel de luxe L’Apogée et ses 9 000 mètres carrés auréolés de 5*.
Philippe Starck dans la danse ?
Pour repenser l'ensemble hôtelier, le président de L’Express a fait appel, d’après nos sources, à Philippe Starck. « Rien n’est encore conclu ! », pointe toutefois l’acquéreur du Pilatus. Le célèbre designer français est entre autres connu pour avoir signé la première version de Lily Of The Valley sur les hauteurs du village de La Croix-Valmer (Var) – un hôtel 5* créé de toute pièce par… Alain Weill. En parallèle de ses activités dans l’univers des médias, ce dernier a ouvert cet établissement doté de 44 clés, deux restaurants ou encore 2 000 mètres carrés dédiés au bien-être en 2019. Pour faire aboutir ce projet, il a notamment repris deux établissements rincés auprès de Denis Dumont, fondateur de l’enseigne Grand Frais, contre 14,3 M€. « En cinq ans, le P-dg d’Altice France et créateur de BFM-TV a racheté trois hôtels, deux restaurants et une quarantaine de studios, fait sortir de terre un cinq-étoiles (…), bientôt complété par huit suites et leurs piscines individuelles, pour une facture proche de 55 M€ », relataient nos confrères du Monde en 2021. Courchevel n'est d’ailleurs pas une contrée du luxe inconnue au bataillon d’Alain Weill : il a ouvert, au pied de la piste de Cospillot, un hôtel-chalet de 700 mètres carrés made in Lily Of The Valley et signé par le décorateur Charles Zana. Selon nos sources, le patron des médias a repris cette adresse – le 685 rue de Bellecôte – pour 15 M€ fin 2020. À noter : il détient également un logement au 346 rue de Nogentil où il héberge le personnel du chalet. Des biens immobiliers tous regroupés sous la bannière Varhotel. « Une fois la transaction finalisée sur Le Pilatus, il ne fait nul doute qu’Alain Weill l’intègrera à sa société d’exploitation et qu’il y déploiera le concept Lily Of The Valley », prédit un acteur du real estate.