Lundi 6 mars, alors qu'il venait de signer la vente définitive du 35 Montaigne, repris par Kering comme CFNEWS IMMO l'avait annoncé (lire ci-dessous), Adrien Labi, propriétaire de la Foncière du Triangle d'or – structure domiciliée au Danemark qu'il contrôle - a été interpellé, placé en garde à vue pendant 48h dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), présenté à un juge et mis en examen ce mercredi 9 mars pour soupçons de « fraude fiscale » et de « blanchiment ». Il est actuellement sous contrôle judiciaire, avec obligation de s'acquitter d'une caution de 30 M€. Homme d'affaires libyen controversé, il était visé par une information judiciaire depuis février, ainsi que par un mandat de recherche dans le cadre d'une enquête ouverte en 2015, suite à des plaintes de l'administration fiscale. Selon nos sources, Adrien Labi s'est pourtant rendu très régulièrement à Paris ces dernières années pour gérer son patrimoine immobilier, sans être inquiété par les autorités françaises. « Pour passer inaperçu, il n'atterrissait jamais en avion sur le sol hexagonal mais suisse, puis il privilégiait la voiture pour se rendre à Paris », nous confie une source proche du millionaire britannique originaire de Libye. Toujours selon nos informations, l'ardoise qu'il doit au fisc français se chiffrerait à 500 M€, voire plus. De sources concordantes, une dizaine d'agents de la police judiciaire ont débarqué le 9 mars au siège de la société de property management qui gère les actifs parisiens d'Adrien Labi, afin de mettre la main sur des documents.
Deuxième information judiciaire ouverte
Le 24 février dernier, le PNF a aussi décidé d'ouvrir une autre information judiciaire pour des faits de « blanchiment en bande organisée de fraude fiscale », selon l'AFP, portant cette fois-ci « sur des manœuvres frauduleuses que son groupe immobilier est soupçonné d'avoir orchestrées. Celles-ci portent sur le remploi de sommes non déclarées par son groupe immobilier au fisc, à l'occasion de plus-values immobilières ».
461 M€ de dettes saisies
À l'issue de sa garde à vue des 6 et 7 mars derniers, 461 M€ ont été saisis pour garantir le paiement d'une éventuelle amende et la régularisation de sa situation fiscale, selon le parquet national financier (PNF). Ces 461 M€ correspondent, selon nos sources, à des dettes : 94 M€ au titre de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) dont il est redevable ; 202 M€ au titre de l'impôt sur les sociétés ; et 160 M€ liés aux impacts fiscaux de ses plus-values.
Le risque du pénal
Un juge d'instruction va désormais poursuivre l'enquête pour fraude fiscale et blanchiment, à travers une commission rogatoire. Cette enquête peut prendre un ou deux ans, voire plus. La partie civile (autrement dit le Trésor public) peut formuler une demande d'acte, tout comme le parquet (soit l'État), ainsi que le mis en cause. Si tous les faits et les infractions sont établis, Adrien Labi sera alors renvoyé vers une juridiction pénale, à même de le juger. Pour l'heure, il est probable qu'il fasse l'objet d'une interdiction de quitter le territoire français.
Des cessions par millions
Dernièrement, Adrien Labi a pourtant été actif à la cession dans la capitale, malgré son obligation de rester discret : après le 35 Montaigne cédé à Kering pour un montant compris entre 855 et 865 M€ HT (faisant ressortir un taux de 2,8 %), il a signé, en janvier dernier, une promesse de vente sur le 19 rue François 1er, dans le 8e arrondissement de Paris, un ensemble mixte value-add de 2 600 mètres carrés, repris par le numéro un mondial du luxe, LVMH et concurrent direct de Kering. Si le nom de l’entité du groupe de Bernard Arnault prenant position sur cet immeuble est tenu secret, d’après nos informations, cette transaction off market s’élève entre 145 et 150 M€. Jadis loué, entre autres, à la marque britannique Pink Shirtmaker, le 19 François 1er ne bénéficie pas à ce jour de permis de construire. Pourtant, comme constaté par plusieurs propriétaires d’actifs dans le Triangle d’Or parisien, Adrien Labi – avec à ses côtés Rondeau Bartoli Planchot Architecture –, y mène une série de lourds travaux sans la moindre autorisation administrative émanant des services de la Ville de Paris. L'homme d'affaires libyen détient encore de nombreux actifs dans la capitale, dont de prestigieux immeubles situés avenue des Champs-Élysées, rue de la Trémoille, rue du Boccador, rue Pierre Charron ou encore rue Clément Marot. Un patrimoine que CFNEWS IMMO dévoilera en exclusivité demain, dans ses colonnes.