Le 47 Quai d'Austerlitz © Google Maps
Sur le 47 quai d'Austerlitz, ils étaient trois à être dans la short list finale. BNP Paribas REIM, Amundi Immobilier et Primonial REIM. Trois collecteurs d’épargne immobilière et, comme nous l’avons annoncé, c’est Sigrid Duhamel, présidente de BNP Paribas REIM, qui a réussi à se distinguer dans ce process à près de 300 M€, portant sur le siège de Natixis, dans le 13e arrondissement (lire ci-dessous). Une transaction signée en pleine crise du coronavirus, qui illustre la dynamique à peine freinée des gérants de SCPI. Trois jours avant l’annonce de la mise en place du confinement en France, Amundi Immobilier a d'ailleurs signé le #Curve à Saint-Denis. Début mars, La Française REM s’est elle emparée du siège de Rexel, dans le 17e arrondissement de Paris. Quant à Primonial REIM, il participe actuellement à plusieurs grands appels d’offres dans le quartier central des affaires du bureau parisien, mais aussi dans l’immobilier de santé, le résidentiel en Europe, et même l’hôtellerie et le commerce. Convaincu de la pertinence de structurer des SCPI entièrement dédiées à une thématique, particulièrement dans le climat actuel, le gérant compte bien continuer à étoffer le patrimoine de ses véhicules, en misant sur la qualité de sa signature et sa capacité à investir en fonds propres. Un avantage certain aujourd’hui, dans un marché où les prêteurs deviennent très sélectifs et vigilants sur la qualité des dossiers et des sponsors. « Les équipes d’investissement de Primonial REIM sont d’ailleurs aujourd’hui entièrement mobilisées pour finaliser ou se positionner sur plusieurs opérations d’acquisitions significatives », assure Grégory Frapet, président du directoire du gérant d'actifs.
Plus de 1 Md€ à déployer
« Nous avons plus de 1 Md€ à investir, toutes classes d’actifs confondues, poursuit-il. L’immobilier va continuer à tirer son épingle du jeu : les taux vont rester bas, les liquidités sont abondantes et la prime de risque continue à globalement bien rémunérer les investisseurs. Nous allons rester très présents sur le marché des bureaux et de la santé, qui demeureront les deux classes d’actifs majoritaires dans notre allocation globale. Nous regardons aussi les opportunités sur le résidentiel paneuropéen et en hôtellerie. Enfin, nous serons encore plus vigilants qu’auparavant sur la classe d’actif commerce. » Sur cette dernière, le gérant s’était fixé, avant la crise, « une enveloppe d’investissement de 80 M€ ». Elle est maintenue, « mais nous allons être très vigilants. Nous misons sur le commerce high street retail, en regardant des dossiers compris entre 5 et 10 M€, qui ont une valeur patrimoniale significative et nous regardons de très près la robustesse du locataire au regard de l’activité exercée et de sa pérennité post crise. C’est le cas d’un magasin Franprix, dans le 18e arrondissement de Paris, que nous sommes en train d’acheter autour de 4,5 % de rendement. Nous sommes aussi sur l’acquisition de trois restaurants Courtepaille, dont les taux sont supérieurs à 6 %. Les capex y ont déjà été déployés et ils disposent de baux de 12 ans. »
Des process toujours compétitifs dans la santé
Dans la santé, marché qu’il occupe très largement en Europe avec Icade Santé, Primonial REIM essaie d’entrer en exclusivité sur cinq portefeuilles, représentant plus d’1 Md€. Preuve que « l’immobilier de santé continue d’attirer les investisseurs et de générer des processus compétitifs ». Quant à l’hôtellerie, si le segment est l’un des plus impactés par la crise sanitaire (lire à ce sujet notre article sur ce marché), il continue de retenir toute l’attention de Primonial REIM. Le gérant a fortement augmenté son exposition à cette classe d’actifs ces dernières années, avec la reprise de portefeuilles B&B auprès de Covivio Hotels. Il a déjà déployé 500 M€ dans cette enseigne, et détient aujourd’hui 89 hôtels. « Nous allons renforcer notre partenariat avec B&B, qui est un opérateur solide, leader du segment de l’hôtellerie économique, assure Grégory Frapet. Nous réfléchissons à l’opportunité d’accroître la durée des baux en contrepartie de franchises accordées sur l’année 2020, dans une logique d’alignement d’intérêts. Nous poursuivons aussi les sale & leaseback à des taux supérieurs à 5 % avant dette. »
Qu'en sera-t-il en 2020 ?
Rappelons qu'en 2019, la collecte des SCPI avait enregistré un nouveau record, en bondissant de +68 % sur un an, avec un volume total collecté de 8,6 Md€. Elles ont à l'évidence été très présentes sur le marché de l'investissement, « représentant une part de 24 % des sommes engagées dans l’Hexagone (19 % en 2018) », selon Knight Frank. Depuis le début de l'année 2020, même si les collecteurs d'épargne restent très présents, « la part des SCPI est redescendue à 11 % », précise Matthieu Garreaud, co-directeur du département investissement du conseil. Le chiffre de la collecte des SCPI/OPCI au 1er trimestre 2020 n’est pas encore connu. Mais, comme l'indique le broker, celui de l’assurance-vie donne en revanche une première tendance avec un recul de 58 % sur un an à la fin du mois de février. « Liée à la baisse des taux, cette chute pourrait-elle s’amplifier avec la crise sanitaire ? Et qu’en sera-t-il des SCPI/OPCI, dont l’attrait pourrait être amoindri par la forte incertitude pesant sur l’économie et les performances de l’immobilier ? », interroge Knight Frank. Les mois à venir le diront.