La confidentialité est de mise sur le nom du futur locataire de l’immeuble de bureaux situé au 11-15 rue d’Anjou, dans le 8e arrondissement de Paris. « Anjou a d’ores et déjà séduit une prestigieuse entreprise du luxe (…) » a tout juste fait savoir son propriétaire, la foncière cotée Covivio (27 Md€ de patrimoine), par voie de communiqué. Selon nos informations, ce mystérieux preneur n’est autre qu'Hermès. Ce choix opéré par la marque française n’est pas le fruit du hasard, mais révèle bien d’une stratégie d’extension mûrement réfléchie. Dans ce secteur du quartier central des affaires (QCA) parisien, elle occupe déjà plusieurs adresses tertiaires. Pour ne citer qu’elles : le 10-12 rue d’Anjou, le 13-15 Ville-l’Évêque et le 8 Penthièvre. Sans oublier le siège social qui coiffe le flagship historique du 24 Faubourg Saint-Honoré.
Befa de 10 ans ferme
Pour se positionner sur l’immeuble Anjou, Hermès n’a pas attendu que le processus de commercialisation soit lancé par Covivio. Avec la discrétion qu’elle cultive dès qu’il s’agit d’immobilier, la maison de luxe a contracté un bail en l’état futur d’achèvement (befa) trois ans avant que l’actif soit livré. Selon nos sources, elle va s’acquitter d’un loyer moyen qui se fixe entre 850 et 900 €/m2/an. Toujours selon informations, la mythique maison de luxe, qui a enregistré un chiffre d’affaires record l’an dernier (8,9 Md€), n’a pas encore arrêté son choix sur les activités qu’elle logera sur les 9 336 mètres carrés du 11-15 rue d’Anjou. « Ce succès locatif valide non seulement la qualité de cet immeuble, mais aussi la pertinence de notre approche conseil, qui repose sur notre capacité d’écoute et d’accompagnement de nos clients, de la conception à la gestion quotidienne des espaces que nous créons », fait savoir Olivier Estève, directeur général délégué de la foncière cotée.
Architecture de type "industriel"
Avant de remettre les clés de l’actif à Hermès en 2025, la foncière cotée dirigée par Christophe Kullmann va mener, avec le concours de Studios Architecture, une restructuration complète d’Anjou pour en faire un bijou tertiaire prime. Et ce dès l’an prochain, suite aux départs d’Orange et de La Poste fin 2021. Acquis par la SIIC en 2006, l’immeuble des années 1930 à l’architecture de type "industriel" se compose de cinq niveaux de superstructure (un niveau de sous-sol et un entresol). Une fois la création de valeur achevée, il proposera des plateaux de bureaux allant de 1 000 à 1 530 mètres carrés. Sur le front des services, Anjou se dotera, en outre, d’un "Work café" en rez-de-chaussée, d’un espace fitness ou encore d’un rooftop de plus de 700 mètres carrés. Pour cet immeuble, pas moins de quatre certifications et labels sont visés : HQE Bâtiment Durable Excellent, Breeam Excellent, R2S et BBCA Rénovation. Détentrice d’un portefeuille tertiaire parisien composé de 29 édifices – soit 50 % de son patrimoine bureaux en France –, la foncière cotée précise poursuivre « sa politique dynamique de transformation ». À ce titre, elle livrera pour mi-2022 l’immeuble Jean Goujon (8 600 m2) où Roland Berger lovera son QG sur 3 600 mètres carrés pour un loyer brut supérieur à 900 €/m2/an. « À ce jour, la moitié de ce portefeuille a déjà subi une rénovation ou est en cours de redéveloppement, assure Covivio. L’autre moitié disposant d’un fort potentiel et constituant à moyen terme un terrain de jeu idéal pour imaginer les espaces de travail de demain. »
"Le cercle des 900"
La signature d’Anjou par Hermès symbolise une nouvelle fois la très bonne tenue du marché locatif sur les opus prime à Paris QCA. Selon nos informations, Gecina a signé un befa de 12 ans avec Eight Advisory pour un niveau proche des 930 €/m2/an sur l’actif Boétie en cours de restructuration. Ce befa est d'autant plus notable, qu'il est signé sur une surface de 7 800 mètres carrés, portant le taux de pré-commercialisation de Boétie à 80 %. Parmi les autres immeubles qui ont rejoint "le cercle des 900", citons le 2 Place de Rio, dans le 8e arrondissement de Paris. Propriété d’Ardian Real Estate, il a attiré le cabinet d'avocats d'affaires King & Spalding, la banque d'affaires Amala Partners ou encore le fonds d'investissement Blackfin Capital Partners et Andera Partners. D'après nos sources, tous ont signé à plus de 900 €/m2/an, en concédant un niveau de franchise toujours en ligne avec ce qui se pratique dans le QCA. À la sortie du premier confinement, Goldman Sachs avait déjà créé une référence sur le très prime 83 Marceau détenu par SFL, en s'engageant en befa sur une valeur faciale de 930 €/m2/an (lire ci-dessous).